Par Natacha Rouette, naturopathe diplômée
Depuis quelques années, nous assistons à un envol spectaculaire de l’aromathérapie. De plus en plus de gens choisissent de se soigner et de préserver leur santé avec les huiles essentielles, ce qui est excellent en soi, mais vient avec son lot d’inconvénients.
La culture des plantes et la distillation des huiles essentielles sont, dans plusieurs pays, des procédés artisanaux avec un rendement maximum qui est rapidement atteint. Pour faire une histoire courte: la demande excède l’offre. C’est pourquoi nous sommes témoins de l’arrivée sur le marché de produits de qualité moindre, qui ne possède pas les qualités thérapeutiques des huiles essentielles produites dans les règles de l’art. Ou encore pire, des produits qui sont vendus comme huiles essentielles qui n’en sont carrément pas! Il est primordial de s’assurer de la qualité des huiles essentielles pour garantir leur efficacité et leur sécurité.
D’abord, qu’est-ce qu’une huile essentielle?
Aussi appelées “essences aromatiques”, les huiles essentielles font partie de l’anatomie de certaines plantes. Elles constituent une grande partie de leur système immunitaire, c’est pourquoi elles possèdent des vertus antiseptiques. On les extrait le plus souvent par distillation à la vapeur à l’aide d’un alambic. Il s’agit donc d’un extrait concentré et puissant.
Pour certaines espèces de plantes, plusieurs tonnes de matière brute peuvent être nécessaires pour extraire une modeste quantité d’huile essentielle, nous devons donc traiter les huiles essentielles avec respect, vu la quantité de travail, d’énergie et de ressources naturelles enclos dans chaque petit flacon.
Les plantes doivent être cultivées, récoltées et distillées dans les règles de l’art et selon une méthodologie propre à chaque espèce pour obtenir un produit fini performant. Les conditions de croissance tels que le climat, le stade de croissance et le moment de la cueillette de la plante ont un large impact sur les molécules thérapeutiques présentes dans l’huile essentielle. Chaque espèce de plante a un temps de distillation à respecter pour s’assurer d’obtenir la plus grande quantité de principes actifs. Nous devons faire affaire avec des compagnies de confiance qui exigent l’excellence dans chaque étape de production.
Une certification importante
Il n’existe aucune norme gouvernementale, ni au Canada, ni à l’international, qui assure la qualité des huiles essentielles. Ni Santé Canada, ni la FDA ne légifèrent sur ces produits. Il faut donc redoubler de prudence et savoir à quoi on a affaire.
Pour s’assurer du pouvoir thérapeutique d’une huile essentielle, on doit utiliser une huile essentielle chémotypée, c’est à dire analysée en laboratoire par chromatographie.
Le sceau HECT (Huile Essentielle ChémoTypée) ou HEBBD (Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie) prouve qu’on a affaire à une véritable huile essentielle analysée en laboratoire. On le retrouve sur le site web de la compagnie d’huiles essentielles.
Selon Divine Essence, un grossiste de confiance, la certification HECT ou HEBBD “[est] un gage de qualité qui permet de garantir l’authenticité, l’origine botaniquement définie, la pureté à 100 % des huiles essentielles (sans aucune dilution, ni falsification avec des produits synthétiques ou des huiles minérales).” [source]
Pour en savoir plus sur la chromatographie, je recommande cet article de La compagnie des sens.
Quelles informations doit-on retrouver sur la bouteille?
- Le nom commun de la plante, par exemple “lavande”, “menthe poivrée” ou “niaouli”.
- Son nom latin (ou appellation botanique), comportant deux mots ou plus (par exemple “lavandula angustifolia“). Comme il existe plusieurs sous espèces et hybrides de plantes (chez la lavande, on retrouve en magasins la lavande fine, la lavande vraie, la lavande aspic, la lavande stoechas, le lavandin super, le lavandin abrial, alors qu’il existe en réalité plus de 100 espèces botaniques de lavande), il est essentiel de savoir à quelle plante nous avons affaire pour obtenir les bons résultats. Une variété peut posséder des contrindications et des précautions d’emploi importantes, contrairement à une autre qui est inoffensive. De plus, les appellations peuvent être similaires, comme la verveine des indes et la verveine odorante, qui sont deux plantes distinctes. D’où l’importance de l’appellation botanique en latin, qui ne laisse aucune place à l’erreur.
Un nom latin comportant un seul mot peut aussi porter à confusion. On retrouve souvent l’appellation “melaleuca” pour désigner l’huile essentielle d’arbre à thé (ou “tea tree”), alors que son nom complet est melaleuca alternifolia et ne doit par être confondu avec melaleuca quinquenervia (le niaouli), melaleuca cajeputii (le cajeput) et melaleuca ericifolia (la rosaline).
- Le chémotype. Certaines espèces de plantes aromatiques comme le romarin et le thym sont fortement influencées par leur milieu de croissance et développent des molécules aromatiques distinctes selon l’altitude, l’ensoleillement, le type de sol, le taux d’humidité, etcetera. Le chémotype (ou race chimique) correspond à la molécule aromatique qui se développe en plus grande quantité. À la fin du nom latin du thym ou du romarin, on doit retrouver son chémotype: par exemple thymus vulgaris CT thymol ou thymus vulgaris CT linalol. Thymus vulgaris ou rosmarinus officinalis n’est pas suffisant pour savoir à quelle fin l’huile essentielle sera utilisée, ni si elle peut s’avérer dangereuse. Le thym à thymol est très puissant: il est dermocaustique (il peut brûler la peau), hépatotoxique (il peut endommager les cellules du foie) et doit être utilisé avec parcimonie pour un temps limité, tandis que le thym à linalol est très doux et ne nécessite pratiquement pas de précautions.
- L’origine de la plante et type de culture. L’étiquette doit indiquer le pays ou la région où la plante a été récoltée, ainsi que le type de culture, c’est à dire soit la culture sauvage, biologique ou conventionnelle.
Une huile essentielle issue d’un milieu sauvage aura développé des propriétés médicinales exceptionnelles pour se défendre dans son milieu pendant des décennies, voir des siècles.
L’agriculture biologique limite l’ajout d’intrants synthétiques lors de la culture et la transformation des plantes, comme les pesticides et herbicides. De plus, l’agriculture biologique favorise la préservation et l’enrichissement des sols, autant que de la santé humaine. Elle permet aussi assurer la traçabilité du produit. [source]
Il est important de noter que, comme plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans la qualité du produit fini, il se peut qu’un producteur, même s’il utilise des plantes d’origine biologique, ne respecte pas les paramètres de distillation et livre un produit de moindre qualité. Ce point concernant l’importance de la certification biologique d’une huile essentielle est controversé: une plante détenant la certification biologique peut avoir été distillée n’importe comment, et une plante sans certification peut provenir d’une culture aux normes d’exploitations respectueuses de l’environnement et de la santé et livrer un produit fini de meilleure qualité.
Le seul moyen d’assurer la pureté de l’huile essentielle est par des tests: spectrométrie de masse et chromatographie gazeuse. C’est pourquoi il est important de bien connaître les compagnies et leurs pratiques. Une compagnie qui produit des huiles essentielles devrait être en mesure de fournir des renseignements détaillés sur les plantes utilisées et les paramètres de distillation. Une compagnie qui fait de la revente devrait avoir un contact étroit avec les producteurs afin de bien connaître leurs produits. La responsabilité de fournir les renseignements aux consommateurs revient au vendeur.
- La partie de la plante utilisée. On doit savoir quelle partie de la plante a été distillée, que ce soit les feuilles, fleurs, sommités fleuries, racine, zeste, etcetera. Certaines plantes offrent des huiles essentielles différentes selon la partie distillée, comme la cannelle (cinnamomum vera) dont un distille l’écorce et la feuille. C’est aussi le cas de l’angélique (angelica archangelica) qui offre une huile essentielle complètement unique selon qu’on distille la racine, les feuilles ou bien les graines.
- Le numéro de lot. Il permet de retracer le produit à la source et également de connaître sa composition chimique, car chaque lot se doit d’être analysé.
- La mention “100% pure”. Certains producteurs moins intègres peuvent diluer leurs huiles essentielles dans une huile végétale ou autre excipient dans le but d’augmenter le rendement et ainsi les profits. Il peut aussi arriver qu’un producteur ou revendeur ajoute des substances synthétiques (par exemple l’éthylvanilline) pour accentuer le parfum de l’huile essentielle et de prétendre que son efficacité en est aussi décuplée, alors que l’odeur très forte ou très agréable d’une huile essentielle n’est pas nécessairement garante de sa qualité. En plus d’être une pratique malhonnête, l’ajout de substances synthétiques augmente le risque de réactions cutanées et allergiques.
Certaines huiles essentielles plus chères comme la rose de Damas ou le néroli sont parfois disponibles en dilution (10% d’huile essentielle pour 90% d’huile végétale, par exemple). Il s’agit d’une pratique honnête qui nous permet d’économiser, mais il est nécessaire que cette information soit bien inscrite sur la bouteille.
- Le flacon aussi est important! Toujours opter pour un flacon opaque, de vitre ou de métal non-réactif comme l’aluminium. Les huiles essentielles sont fragiles à la chaleur et à la lumière, il est donc essentiel de les conserver dans un flacon de verre ambré ou bleuté. Une huile essentielle dans un flacon transparent est souvent un gage de mauvaise qualité.
Concernant les prix…
En consultant les listes de prix de différents produits sur le marché, on constate une énorme différence de prix entre deux produits qui semblent similaires, par exemple entre une huile essentielle trouvée sur Amazon et une disponible chez un producteur. Comme dans tout, il est souvent nécessaire d’investir un peu plus d’argent pour obtenir un produit de meilleure qualité. Mais n’allons pas croire qu’une huile essentielle plus chère est automatiquement meilleure! Un prix anormalement élevé est tout aussi alarmant qu’un prix anormalement bas.
Mes compagnies de confiance
Pranasens [site web] et Aliksir [site web] sont deux compagnies locales qui cultivent et distillent leurs plantes pour produire des huiles essentielles de qualité à petite échelle. On peut d’ailleurs visiter leurs installations en saison! Zayat Aroma [site web] distille eux-même plusieurs plantes sauvages, en plus de faire de la revente.
Hunzaroma [site web], Noblessence [site web] et Divine Essence [site web] sont des compagnies québécoises importatrices avec des critères de qualité élevés.
À l’international, Pranarom [site web] est une compagnie belge dont la réputation d’excellence n’est plus à faire. Cependant, les prix sont un peu plus onéreux pour nous au Québec, car il s’agit de produits importés d’Europe.
Je vous encourage à vous procurer vos huiles essentielles en boutiques spécialisées en santé naturelle plutôt qu’en pharmacie: les pharmacies habituellement offrent des huiles essentielles avec peu de valeur thérapeutique.
Note: Cette liste n’est en aucun cas exhaustive et représente mes choix personnels selon ma formation et mon expérience de naturopathe. Je ne reçois aucune compensation de la part de ces compagnies.
Pour en savoir plus sur comment l’aromathérapie peut vous aider, communiquez avec moi ici!
Crédits photo:
Bouteilles d’huiles essentielles: Kelly Sikema
Macro de gouttes d’huile: Sharom Pittaway @sharonp
Mini fleurs de myosotis: Olka Filonenko @olfilonenko
Fleurs de lavande: Vero photoart @verophotoart
Jardin d’herbes: Mike Enerio @mikeenerio
Branche de conifères: Micah Hallahan @micah_hallahan
Champ fleuri: Jakub Kriz
Modifications
15 avril 2019: Modification paragraphe sur la certification biologique pour offrir une position plus nuancée.
Ajout du paragraphe concernant les prix.
12 mai 2019: Ajout du paragraphe concernant la partie de la plante distillée.
Bonjour! J’ai une question, que pensez-vous des huiles du magasin le Naturiste?
Merci
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Bonjour Kristina, connaissez-vous le nom de la marque? Je ne connais pas leurs produits!
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À éviter, comme la plupart de leurs produits. Huiles essentielles de qualité industrielle ayant très peu de valeur thérapeutique et revendue à coût très élevé. Informations ‘’insuffisantes’’ sur les étiquettes. Pas de certification Bio. Bref, on ne sait pas vraiment ce que c’est ni de quel pays cela provient. Mieux vaut magasiner dans une boutique de produits naturels sérieuse et offrant plusieurs marques de qualité certifiées Bio.
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J’utilise majoritairement les huiles de Lotus Aroma que j’aime beaucoup, ainsi que leur soins pour visage et corps! As-tu déjà testé? Je les recommande chaudement!
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Bonjour.
les huiles essentielles de divine essence (certifié ecocert) sont-elles des huiles essentielles authentiques ? J’ai essayé de faire des recherches pour trouver, mais ce n’est pas clair 😦
Merci 🙂
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